L'Education nationale va encore payer dans le budget 2011 le plus lourd tribut aux suppressions de postes, avec 16.000 en moins, une politique critiquée de longue date par les syndicats du public mais aussi désormais par l'enseignement privé.
Comme prévu, le nombre des départs en retraite non remplacés dans le projet de budget 2011 est de 16.000, après environ 50.000 entre 2007 et 2010.
Au total, l'Education nationale emploie près d'un million d'agents publics et son budget va augmenter en 2011 de 1,6% à 60,5 milliards d'euros (hors enseignement agricole).
Selon le ministère, 8.967 postes d'enseignants seront supprimés dans les écoles primaires (dont 5.600 actuellement en "surnombre"), 4.800 dans les collèges et lycées, 600 postes au sein des personnels administratifs et 1.633 dans l'enseignement privé sous contrat.
Pour cela, le ministre Luc Chatel a choisi une nouvelle méthode: le choix des suppressions va être fait dans les académies, "au plus près du terrain".
Et ce à partir de plusieurs critères, comme la possible hausse de la taille des classes d'écoles et de collèges "qui ne relèvent pas de l'éducation prioritaire", le retour devant la classe des enseignants affectés en dehors, la suppression à terme en primaire des intervenants extérieurs de langues, le regroupement d'établissements, la diminution des décharges de service ou encore la poursuite de la diminution de la scolarisation en maternelle des enfants âgés de deux ans.
"Il y a de la marge" pour ces suppressions qui doivent se poursuivre au même rythme de 2011 à 2013, a-t-on assuré au ministère en mettant en avant que par rapport à 1990 il y avait l'an dernier 45.267 enseignants de plus pour 604.300 élèves de moins.
Pourtant, les suppressions envisagées pour 2011 inquiètent particulièrement les syndicats d'enseignants car, pour la première fois, le ministère envisage d'augmenter le nombre d'enfants par classe.
"Pour nous, c'est vraiment une très mauvaise annonce, même un tournant historique pour l'école primaire", a réagi à l'AFP Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire, à l'issue d'un entretien mercredi avec M. Chatel.
"On passe d'une situation de sous-investissement de l'école primaire à une situation d'asphyxie, avec comme conséquences la hausse des effectifs des classes ou encore la baisse des départs en formation continue des professeurs", a-t-il ajouté.
En outre, dans le second degré, conséquence du mini baby-boom de l'an 2000, le ministère prévoit 61.900 élèves de plus à la rentrée 2011, alors que le taux d'encadrement en collèges a déjà été "dégradé" l'an dernier dans certaines académies, selon un récent rapport d'inspecteurs généraux.
Jusqu'alors beaucoup moins critique que les syndicats du public, l'enseignement privé catholique tire à son tour la sonnette d'alarme.
Si, comme il est prévu, la baisse du nombre de postes se prolonge dans les trois ans à venir, "il nous faudra probablement fermer 1.000 écoles primaires (sur 4.873), 100 collèges (sur 1.573) et 70 lycées", a prévenu mardi le secrétaire général de l'enseignement catholique, Eric de Labarre.
Pour limiter l'effet de cette réduction du corps enseignant sur le nombre des établissements et leur fonctionnement, il a suggéré de redéployer, de réduire le volume d'heures d'enseignement, de développer dans le premier degré l'intercommunalité, de réduire le nombre des options au lycée et de développer l'enseignement à distance pour certaines matières.